L’indice CAC 40 recule encore de 1,60 % dans le sillage des bourses asiatiques, alors que Wall Street a terminé en net repli jeudi soir.

Pas de répit pour les Bourses mondiales, qui les unes après les autres, s’effritent face au protectionnisme offensif de Donald Trump. La Bourse de Paris a ouvert, ce vendredi matin, en baisse de 0,99 %, retombant à 5.115 points. Une heure après l’ouverture, il perd déjà 1,60 %. L’indice CAC 40 avait déjà perdu 1,38 % jeudi, ce qui porte son repli depuis le début de l’année à près de 4 %. Londres perd 0,8 % et Francfort 1,52 %.

Les places asiatiques sont aussi dans la tourmente, notamment le Japon (-4,51 % pour le Nikkei), la Chine (la bourse de Shenzhen plonge de 4,49 %) et la Corée du Sud (-3,18 %). Jeudi soir, Wall Street avait aussi montré une grande nervosité après l’annonce des sanctions de Washington contre la Chine. Le Dow Jones a perdu plus de 700 points (-2,93 %) et le Nasdaq 2,43 %.

Sans surprise, les valeurs refuges attirent les investisseurs alors que l’indice de la peur, le Vix, remonte à plus de 23 %. Sur le marché des changes, le yen s’adjuge 0,67 % et le franc suisse 0,45 %. Même l’or retrouve des couleurs, en hausse de 0,95 % à 1.339 dollars l’once, signe que les investisseurs prennent la crise très au sérieux.

« C’est la première fois que les marchés réagissent violemment à des mesures politiques », constate Tangi Le Liboux chez Aurel BGC. « Certes, dans le passé, le référendum britannique ou l’élection américaine avaient généré de la volatilité à court terme, mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une réaction à un scrutin, mais bien à une stratégie politique déployée par la Maison-Banche ».

Réplique de la Chine

Les investisseurs s’inquiètent en effet du jeu dangereux mené par Donald Trump, via cette attaque ciblée contre la Chine, même si, pour l’instant, Pékin a répliqué de façon mesurée (elle a publié une liste de 128 produits américains pouvant être surtaxés). Mais entre un Donald Trump ingérable et un Xi-Jinping qui vient d’accroître son leadership et dispose d’un pouvoir accru, les marchés sont en plein doute. « Autant le dire tout de suite : c’est le bazar », constate Tangi Le Liboux, qui estime tout de même, que malgré le manque de diplomatie affiché par Trump, « les négociations seront toutefois intenses dans les prochains jours pourrait bien accoucher d’une souris ».

En attendant, les investisseurs préfèrent fuir les actifs risqués. D’autant qu’à ce risque de guerre commerciale s’agrègent d’autres incertitudes : sur la croissance dans la zone euro (après la publication de statistiques décevantes), sur les valeurs technologiques (avec les malheurs de Facebook) ou encore sur les relations tendues entre le Royaume Uni et la chine. Un cocktail dangereux qui explique cette rechute des marchés financiers.

Impôts cachés

D’autant que l’impact des surtaxes américaines ne se cantonnera pas à la Chine et à l’Asie. « Le président Trump a donc annoncé qu’il augmentait les impôts des consommateurs américains qui achètent des produits chinois : cela s’appelle des tarifs douaniers », constate, amer, Stéphane Déo, stratégiste à La Banque Postale AM. Cela pourrait accroître à l’avenir les tensions inflationnistes, même si la réunion de la Fed de mercredi a plutôt contribué à calmer les craintes des marchés en termes de hausse des taux américains, du moins dans l’immédiat.

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