Sous le ciel parisien, où la tour Eiffel se dresse encore auréolée du succès éclatant des Jeux Olympiques et Paralympiques, la France de 2024 se trouve face à une échéance historique. Portée par le nouveau Premier ministre Michel Barnier, fraîchement nommé par Emmanuel Macron, elle est confrontée à une question brûlante : comment réinventer une dynamique européenne capable de répondre aux défis économiques et technologiques mondiaux ? Michel Cicurel, économiste et fondateur du fonds d’investissement La Maison, en appelle à une véritable « révolution culturelle européenne ».

Le constat est glaçant. La France ne parvient à maintenir qu’une maigre croissance de 1,1 % prévue pour 2024, loin derrière les États-Unis et leur progression robuste de 2,5 %, ou la Chine, qui malgré un ralentissement, garde un rythme impressionnant de 5 %. Le déclin relatif de l’Europe, et particulièrement de la France, sur la scène mondiale est indéniable. En cause, un retard technologique qui menace de déclasser le Vieux Continent dans la grande compétition mondiale.

Une épargne massive mais stérile : 35 000 milliards d’euros en sommeil

Au cœur de la réflexion de Michel Cicurel se trouve une vérité frappante : 35 000 milliards d’euros, c’est la somme astronomique de l’épargne dormante accumulée en Europe. Rien qu’en France, ce chiffre atteint 6 000 milliards d’euros. Loin de stimuler l’économie, cette montagne d’épargne semble l’entraver. Avec un taux d’épargne des ménages français culminant à 16,9 % en 2023, contre seulement 4,3 % aux États-Unis, la différence est frappante et symptomatique d’un malaise structurel.

Pour Michel Barnier et son équipe, le défi est de taille. Avec un déficit public de 5,6 % du PIB et une dette flirtant avec les 110,7 %, il devient vital d’envisager un modèle économique nouveau. L’État, longtemps perçu comme un acteur dépensier, doit se métamorphoser en « garant ». Cette transformation pourrait libérer des centaines de milliards d’euros pour l’innovation, tout en évitant d’aggraver les finances publiques. L’économiste propose une piste audacieuse : en garantissant jusqu’à 75 000 euros d’investissements à haut rendement par épargnant, l’État pourrait débloquer près de 400 milliards d’euros d’épargne productive. Une véritable révolution financière en perspective.

Refonder le système pour rester dans la course mondiale

Toutefois, cette révolution dépasse le simple cadre économique. Elle appelle à une refonte radicale des systèmes éducatifs et entrepreneuriaux. Actuellement, la France n’investit que 2,18 % de son PIB dans la recherche et développement (R&D), contre 3,6 % pour les États-Unis et 2,4 % pour la Chine. Une situation qui nécessite une correction rapide et vigoureuse. Bien que le gouvernement ait fixé un objectif de 3 % d’ici 2030, cela risque d’être trop peu face à l’accélération de la course mondiale aux nouvelles technologies.

Pour sortir de l’ornière, l’Europe doit s’appuyer sur ses atouts intrinsèques. Longtemps perçue comme un continent fragmenté, sa diversité culturelle pourrait bien se transformer en un puissant levier d’innovation. Le programme Horizon Europe, avec ses 95,5 milliards d’euros, en est une preuve éclatante. Pourtant, c’est dans la collaboration étroite entre la recherche, l’industrie et la finance que se joue l’avenir de l’Europe. Ce triangle d’or pourrait permettre de transformer les atouts culturels en véritables moteurs de compétitivité.

L’Europe face à une nouvelle émancipation

Dans un contexte global où l’intelligence artificielle redéfinit les règles du jeu économique, où la transition écologique appelle des investissements colossaux, l’Europe ne peut plus se contenter d’une position de spectatrice. La révolution culturelle évoquée par Michel Cicurel n’est pas une simple option stratégique, c’est une nécessité impérieuse. Sans une refonte profonde, le continent risque de se retrouver marginalisé dans un monde où les technologies de pointe déterminent les nouveaux rapports de force.

Alors que la France commémore le 80e anniversaire de la Libération, elle est confrontée à un nouveau défi d’émancipation : celui de libérer son potentiel d’innovation et de redevenir un acteur clé de la scène mondiale. La réussite de cette entreprise ne déterminera pas seulement l’avenir de l’économie française, mais aussi celui de toute l’Europe. Car, dans cette bataille pour le leadership technologique, chaque jour compte. Le compte à rebours a commencé. Avec cette vision, 2024 marque le début d’une course contre la montre pour l’Europe et la France, où l’audace, la transformation et l’innovation ne sont plus des choix, mais des impératifs pour rester dans la compétition mondiale.

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