Vendredi 28 juillet 2023, le groupe Casino a signé un accord de principe avec Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor. Si cet accord marque une étape significative dans la procédure de conciliation, le distributeur stéphanois devra encore franchir des étapes cruciales pour se restructurer financièrement.

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L’accord de principe conclu le 27 juillet dernier a pour ambition de restructurer financièrement le groupe Casino. Pour ce faire, les repreneurs Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière, le fonds britannique Attestor, et les créanciers-clés du Groupe comptent apporter 1,2 milliards d’euros d’argent frais à son capital et réduire sa dette de 5 milliards d’euros. Les repreneurs prévoient également de céder les activités du distributeur en Amérique Latine, où se trouvent 75 % de ses 200 000 employés.

Programmé sur quatre ans, l’accord de principe, qui n’est pas finalisé et entériné, instaure une perspective financière sereine afin d’éviter toute précipitation. Selon une source proche du dossier, cet accord « n’est pas une rustine pour gérer l’urgence » mais « un deal qui permet de développer le business plan dans la durée ». Il suscitera néanmoins une dilution significative des actionnaires actuels.

Si cet accord est une bonne nouvelle pour le Groupe de Jean-Charles Naouri, il lui reste toutefois des défis importants à relever avant d’être bel et bien sauvé. Une des étapes cruciales consiste à parvenir à un « accord contraignant » dès septembre avec ses créanciers, notamment les grandes banques, les fonds d’investissement et les acteurs institutionnels. Le retailer devra ensuite réfléchir à la manière de relancer ses activités commerciales. Les stades suivants incluent des discussions avec les créanciers détenteurs de dette non-sécurisée (créances non garanties), visant à rallier leur soutien à l’accord. L’objectif étant d’éviter tout recours venant des créanciers. Ces négociations ont d’ores et déjà débutées fin juillet, et se poursuivent actuellement. Une assemblée générale sera organisée à l’automne avec les actionnaires afin d’approuver, ou non, l’accord contraignant.

En octobre, le groupe Casino entrera dans une procédure de sauvegarde accélérée, forçant les créanciers réticents à participer au processus conformément à la loi. La restructuration devrait être finalisée d’ici le premier trimestre 2024, moment où le nouveau PDG du distributeur stéphanois, Philippe Palazzi, prendra ses fonctions. L’Etat joue un rôle de surveillance vis-à-vis de la solidité du projet industriel, et veille à l’avenir des 50 000 employés du Groupe en France. Il a aussi gelé environ 300 millions de dettes fiscales et de cotisations sociales. Via le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), le gouvernement a également encadré les négociations avec les créanciers, et contrôlera l’opération concernant les fusions et les investissements étrangers.

Un autre acteur va aussi peser dans le dossier : l’Autorité des marchés financiers (AMF). Elle devra autoriser les repreneurs, aujourd’hui majoritaires au capital du groupe Casino, à écarter une OPA sur ce dernier. Une telle option est envisagée pour les entreprises rencontrant des difficultés financières avérées. Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor veulent conserver le siège social du Groupe à Saint-Etienne et préserver l’emploi des salariés en France. Ils envisagent aussi de renforcer certaines équipes (magasins et entrepôts) et d’accélérer la conversion de nombreux magasins en franchises pour limiter les coûts. En affichant leurs engagements, les repreneurs souhaitent rassurer le gouvernement et les parties prenantes vis-à-vis de l’intégrité du groupe Casino.

De leur côté, les banques françaises créancières s’engagent à maintenir le 1,3 milliard de financement opérationnel du distributeur d’ici à la restructuration. Elles le soutiendront ensuite durant trois ans. Selon une source proche du groupe Casino, « c’était un point fondamental » pour rassurer les assureurs crédits investis dans le projet, mais aussi les fournisseurs. Le retailer a d’ailleurs réduit ses délais de paiement pour convaincre ces derniers. L’accord de principe pourrait toutefois être fragilisé face à la situation financière précaire du groupe Casino (2,26 milliards d’euros de pertes au premier trimestre), et sa trésorerie en berne (600 millions d’euros de liquidité à la fin de cette année, vs 2,1 millions en décembre 2022). Si les ventes des hyper et supermarchés continuaient de reculer, ou si des assureurs crédit enlevaient leurs couvertures, une injection de liquidités anticipée serait indispensable pour conclure l’accord. Grâce à son statut d’actionnaire, Daniel Kretinsky pourrait, s’il le souhaite, apporter des fonds d’urgence.

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