Le tanker iranien qui avait été arraisonné par les forces navales de Gibraltar et du Royaume-Uni le 4 juillet a été officiellement libéré ce 15 août. L’immobilisation avait été effectuée suite aux soupçons que le bateau transportait une cargaison de pétrole à destination de la Syrie. Or, cette dernière fait l’objet d’une sanction européenne et un embargo pétrolier y est actuellement en cours.

Le Grace 1 a été ainsi accusé d’enfreindre les sanctions internationales énoncées contre le régime de Bachar al-Assad. Bien que la décision de la libération du navire ait été prise plusieurs semaines auparavant, le ministère de la justice américaine avait faite une demande la veille pour prolonger son immobilisation, en prétextant l’entraide judiciaire.

Libération du Grace 1, un pas pour atténuer les tensions avec l’Iran

Depuis que les sanctions américaines pèsent sur l’Iran, dans l’objectif de faire cesser toutes activités nucléaires par celui-ci, des tensions guerrières sont apparues dans la région du Golfe. Lesdites sanctions ont notamment fait perdre tous ses partenaires commerciaux pétroliers à la République islamiste. L’immobilisation du pétrolier Grace 1 avait intensifié les tensions et amené l’Iran à quelques représailles, dont la saisie du navire suédois battant pavillon britannique Stena Impero. La situation nuit gravement à l’accord du JCPOA sur le nucléaire iranien.

Une tension sur fond de commerce pétrolier dans le Golfe

Quelques jours après l’immobilisation du Grace 1 dans les eaux territoriales de Gibraltar, l’Iran a prévenu l’Union Européenne qu’il prendrait des mesures si le navire n’est pas libéré. Téhéran soutient d’ailleurs que celui-ci ne faisait pas route vers la Syrie et dénonce un acte de piraterie. Quelques jours plus tard, les forces iraniennes réquisitionnent le Riyah, puis le Stena Impero. Elles détruisent également un drone américain et attaquent des navires, ainsi que des stations pétrolières arabes.

Par ailleurs, il met également la pression sur les signataires européens de l’accord du JCPOA pour trouver rapidement une solution, afin de contourner les sanctions imposées par les Américains. Ces derniers ont notamment interdit les transactions commerciales avec l’Iran, bloquant de nombreuses exportations de celui-ci, dont celui du pétrole, le cœur de l’économie du pays.

A noter que les USA ont appliqué ces sanctions après avoir quitté l’accord du JCPOA, suite au soupçon que l’Iran continue de développer des armes nucléaires. Téhéran nie les accusations portées à son encontre, mais les sanctions sont quand même appliquées par les américains. Les entreprises qui continuent de commercer avec l’Iran risquent l’exclusion du système financier US. Cela concerne aussi les banques de crédit qui financent les importations de matières premières iraniennes.

L’Europe face aux USA pour préserver l’accord sur le nucléaire iranien

Constatant l’incapacité de l’Europe à trouver une solution commerciale pour le libérer des embargos américains, Téhéran augmente finalement ses stocks d’uranium enrichi et leurs taux d’enrichissement hors des limites préconisés par l’accord international. En effet, Téhéran ne profite plus des avantages promis par celui-ci à cause des sanctions américaines.

Face à la menace iranienne qui pèse sur le trafic maritime dans le Golfe et sa transgression des termes de l’accord, les USA proposent aux Européens de former une coalition militaire. Cette dernière vise à faire escorter militairement les navires sous la couverture des forces aériennes américaines. Mais la France et l’Allemagne jugent inopportun la présence de forces militaires étrangères dans le Golfe Persique et veulent avant tout préserver l’accord sur le nucléaire iranien. Ils mettent en place l’Instex, une chambre commerciale dédiée aux transactions avec l’Iran, pour contourner les sanctions américaines. La libération du Grace 1 va également permettre à l’Europe et à l’Iran de rétablir de meilleures relations politiques et commerciales.

A noter que la République islamiste dispose de la quatrième plus grande réserve de pétrole au monde. 20% des exportations de pétrole brut iranienne étaient à destination des raffineries européennes avant l’application des sanctions.

Téhéran réussit à négocier avec Londres

Plusieurs semaines de négociations entre Londres et Téhéran ont abouti à une décision de libération du Grace 1 par la Cour Suprême de Gibraltar.

Les USA tentent d’empêcher la libération du Grace 1

L’immobilisation du tanker iranien a donc duré plus d’un mois et celui-ci a pu quitter ces eaux territoriales d’outre-mer britannique le 15 août. La décision de la Cour a été prononcée dans l’après-midi, alors que l’audience était prévue dans la matinée. Ce décalage imprévu de plusieurs heures est dû à une intervention américaine avortée.

En effet, la veille, le ministère de la justice américaine a interpellé le ministère public de Gibraltar pour prolonger l’immobilisation du Grace 1. Les autorités ont dû repousser l’audience pour analyser les motifs avancés par les américains. Néanmoins, Anthony Dudley, le juge en charge de l’affaire a déclaré ne pas avoir été réquisitionné par écrit par les Américains.

La décision quant à la libération du Grace 1 a été néanmoins conditionnée par la promesse iranienne écrite, de ne pas livrer les 2 millions de barils de pétrole brut à la Syrie, soit d’une valeur de près de 140 millions USD. Le capitaine du navire et ses officiers ont également été acquittés alors qu’ils bénéficiaient de la liberté sous caution.

Téhéran forme une force anti-coalition américaine

Néanmoins, il est possible que les USA réitèrent leur demande par écrit pour saisir le juge avant que le navire iranien ne quitte les eaux de Gibraltar. Une immobilisation pourrait en effet être demandée par les Américains via le système d’entraide judiciaire. Celui-ci se base sur l’application de la décision d’un tribunal étranger.

Cela pourrait renforcer la crise diplomatique entre Téhéran et Londres, mais aussi les autres pays européens. Pour sa part, Téhéran a maintenu sa proposition d’un pacte de non-agression avec les autres pays du Golfe. Appuyée par la Chine, la Russie vient aussi de conclure une coopération militaire et maritime avec l’Iran, afin de sécuriser les voies navales du monde, à commencer par le Détroit d’Osmuz et le Golfe.

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