Par Kurt Reiman et Daniel Donato

Le dollar canadien a chuté de plus de 7 % par rapport au dollar américain en 2020, bien qu’il ait atteint son plus bas niveau à la mi-mars, en dessous de 0,70 $ US. Kurt et Daniel expliquent comment les moteurs traditionnels de la monnaie ont pu changer et comment le huard pourrait se comporter lorsque l’activité économique reprendra.

Les principaux facteurs qui déterminent le taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain sont les variations du prix du pétrole, les variations de la différence entre les taux d’intérêt à court terme américains et canadiens et la volatilité des marchés boursiers (une approximation de l’appétit pour le risque). Au cours des dix dernières années, la baisse du prix du pétrole, la diminution des primes sur les taux d’intérêt à court terme canadiens par rapport aux taux américains et la volatilité croissante des marchés boursiers ont toutes eu tendance à coïncider avec la faiblesse du dollar canadien (voir le graphique ci-dessous). L’inverse est également vrai.

Presque dès le début de l’année 2020, le dollar canadien a commencé sa descente. La chute des prix du pétrole a été le principal facteur de la faiblesse initiale du huard en janvier et février. En mars, les actions et l’aversion au risque accrue se sont ajoutées à une déroute du prix du pétrole qui s’est aggravée en avril, laissant le huard à plus de 10 % en dessous de son niveau de début d’année. La différence entre les taux d’intérêt à court terme a été essentiellement neutralisée en tant que moteur du taux de change cette année, puisque la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont abaissé leurs taux directeurs du même montant pour les ramener à zéro.

À notre avis, le pétrole et les taux d’intérêt auront probablement un impact plus modéré sur le dollar canadien après la crise. Commençons par le pétrole. La demande mondiale de pétrole devrait se rétablir beaucoup plus lentement que l’économie en général, étant donné l’interdiction des voyages aériens – et les préférences des consommateurs à cet égard – et l’acceptation accrue de l’apprentissage et du travail à distance. L’augmentation des divertissements à domicile et la diminution des déplacements vers les magasins et les centres commerciaux devraient également contribuer à réduire la demande de transport. D’autres réductions de production au-delà de celles annoncées il y a quelques semaines dans les pays producteurs de pétrole sont probablement nécessaires, y compris au Canada, pour limiter l’offre excédentaire et la constitution de nouveaux stocks.

Ces évolutions empêcheront probablement les prix du pétrole de dépasser sensiblement les 30 dollars américains le baril pour le West Texas Intermediate dans un avenir prévisible, même lorsque l’économie commencera à se normaliser. Le prix à terme du pétrole brut à court terme, qui est brièvement tombé en territoire négatif la semaine dernière, était en partie une condition technique liée à une faible liquidité et à une réticence à prendre livraison de plus de barils alors que le marché était déjà surapprovisionné et que les réservoirs de stockage étaient proches de leur capacité.

Les prix se sont quelque peu redressés, mais le contrat à court terme se négocie toujours en dessous de 20 dollars américains le baril, et les prix à terme ne dépassent pas 30 dollars américains le baril avant l’année prochaine (voir le graphique ci-dessous). Mais si une reprise des prix du pétrole serait probablement un soulagement bienvenu pour le huard, des prix du pétrole inférieurs à 40 dollars américains le baril impliqueraient probablement des flux d’investissements étrangers encore faibles dans le secteur énergétique canadien.

Quant aux écarts de taux d’intérêt à court terme, il y a tout lieu de croire que la Fed et la BdC maintiendront les taux ancrés à un niveau proche de zéro dans un avenir prévisible. Et compte tenu du coup de massue porté au secteur de l’énergie et de sa part plus importante dans l’économie canadienne, il y a peut-être une raison valable pour que la BdC agisse plus lentement afin de commencer à augmenter les taux d’intérêt lorsque le pire de la crise sera passé.

Les prix du pétrole et les taux d’intérêt ayant moins d’influence, nous pensons que les gains du dollar canadien à partir de maintenant seront probablement dus à la baisse de la volatilité des marchés boursiers et à l’amélioration de l’appétit des investisseurs pour le risque. Et pourtant, même si le dollar canadien finit par se redresser lorsque l’économie reviendra à la normale, il y a lieu de penser que le huard s’échangera dans une fourchette inférieure à celle d’avant la crise, étant donné le coup porté à l’énergie et la réduction des flux de portefeuille qui en résulte.

Ce poster est apparue sur le blog de BlackRock.

Note de l’éditeur : Les puces de résumé de cet article ont été choisies par les rédacteurs de Seeking Alpha.


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