L’économie allemande détient la première place en Europe. Son moteur est basé sur ses échanges mondiaux, incluant les flux financiers et surtout les exportations industrielles. Ce sont en effet ces dernières qui ont porté la croissance du pays jusqu’à présent, puisqu’il réalise le tiers de la production industrielle européenne.

Or, une baisse de 2,2% des commandes a déjà été constatée au mois de mai et une chute de 8,6% a également été enregistrée durant la période annuelle précédente. Ces chiffres inquiètent de plus en plus les analystes qui y voient l’annonce d’une période de récession.

Ces craintes se trouvent alourdies par les rapports publiés concernant le PIB allemand, lequel dévoile un recul de 0,1% pour le deuxième trimestre.

L’Allemagne, une économie fortement adossée aux exportations

Malgré un rebond de 0,4% du PIB allemand au premier trimestre, le recul actuel reflète les impacts de la situation politique internationale actuelle. Le moteur de l’économie européenne, l’Allemagne, n’est pas immunisé contre les conséquences des conditions commerciales actuelles. Le pays est même le premier à en être menacé.

L’industrie allemande se rétracte à cause de la baisse de ses commandes

Les contextes politiques actuels sont particulièrement défavorables à l’Allemagne. En effet, celle-ci se base surtout sur ses exportations industrielles pour garantir sa croissance économique. Les trois vents majeurs qui expliquent cette piètre performance sont la politique protectionniste de Donald Trump, le ralentissement économique chinois et le Brexit de Boris Johnson.

Or, les USA, la Chine et le Royaume-Uni sont les principales destinations des exportations allemandes. Entre autre, ses commandes chinoises ont subies une baisse au rythme de 0,4% depuis le mois de juillet. Parmi les secteurs industriels les plus touchés, celui de l’automobile suscite les plus grandes inquiétudes.

En effet, cette industrie représente la moitié de son excédent commercial. Les ventes de BMW ont par exemple chuté de 9,6%, contre 7,6% chez Daimler et 9,5% chez Volkswagen. En Chine, les immatriculations ont dévoilé une chute vertigineuse de 12,4% et une chute de 8% est notée en Europe durant la même période.

Les inquiétudes qui pèsent sur les investissements et cette crise du secteur s’est par ailleurs reflétée en bourse, au niveau de la chute de l’indice ZEW automobile de 24,5 points au mois de juillet. Par ailleurs, les commandes des machines et équipements-outils ont également baissé de 22% depuis le début du second trimestre.

L’économie allemande en net recul

L’Allemagne entrera techniquement dans une période de récession économique si une autre contraction est constatée successivement au recul de 0,1% dernièrement enregistré. Or, la situation risque encore de s’aggraver avec ce troisième trimestre. Les répercussions sur l’économie intérieure du pays ont déjà été constatées, avec notamment la multiplication des plans de licenciement.

Au mois de juillet, c’est la Deutsche Bank qui commença par l’annonce de 18 000 licenciements, suivi par l’entreprise de produits chimiques BASF qui supprime 6 000 postes à son tour. Dans le secteur industriel, les entreprises optent par contre pour le travail à temps partiel, une stratégie qui a déjà fait ses preuves durant la crise de 2008. Ce procédé permet d’éviter les licenciements et la perte des compétences, en baissant uniquement les temps de travail des employés. Actuellement, plus de 150 000 postes ont déjà été basculés vers ce mode de fonctionnement.

La gravité de la situation est mesurable avec une chute de 1,9 point de l’indice PMI des directeurs d’achats manufacturiers locaux, baissant ainsi à 43,1 points, soit à 0,1 pts du niveau le plus bas atteint en 2012. Néanmoins, le PMI non-manufacturier est à 55 pts, tandis que celui des services à 45.

Les conséquences de la crise en Allemagne pour l’Europe

L’excédent commercial que l’Allemagne enregistre depuis plusieurs années lui a permis de remplir les caisses de l’Etat. Une probable récession technique qui est engendrée par un recul pendant deux trimestres successifs est néanmoins une certitude pour les économistes. Pour l’heure, le gouvernement d’Angela Merkel table sur une croissance annuelle de 0,3% pour 2019, en baisse par rapport au 0,5% dernièrement annoncé.

Une récession allemande peut faire reculer encore plus les marchés

Les pays européens ont de nombreuses fois demandé à l’Allemagne d’augmenter ses dépenses et ses investissements pour participer à la relance de l’UE. Mais la politique du pays est actuellement basée sur le maintien de l’équilibre du budget fédéral, malgré de larges excédents commerciaux.

La chancelière allemande Angela Merkel a notamment annoncé son opposition contre une stratégie de déficit budgétaire pour activer la relance. Cette politique budgétaire est en effet inscrite dans la constitution allemande pour limiter les mécanismes d’endettement. La nécessité d’une conjoncture à ce sujet entraînerait également un conflit politique interne entre le parti chrétien-démocrate de la Chancelière et celui des sociaux-démocrates.

Or, une récession allemande impliquerait immédiatement la chute de l’Euro. En effet, la BCE (Banque Centrale Européenne) serait obligée de baisser ses taux pour soutenir l’économie de la figure de proue de l’Europe, et engendrerait par la même occasion une baisse des taux de change. L’inquiétude des marchés se porte néanmoins sur l’efficacité des manœuvres de la BCE, qui ne détient pas assez de marges. Cela peut ainsi se répercuter par un effondrement des cours des indices boursiers européens qui souffrent déjà des inquiétudes engendrées par le contexte commercial actuel.

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